Tard dans la nuit : « il me faut une arme, il me faut une arme pour que je puisse............... »
« Nooonnnnnnnnnnnnnn » cria Melfior dans les ténèbres de cette nuit d'hiver qui recouvrent toute la vallée à cette heure-ci. Il ouvre les yeux et finalement le champ de bataille face à lui se transforme en une délicate vue familière de sa chambre à coucher. Il est seul, dans le noir; les feuilles tremblent à l'extérieur imitant le cri de certains animaux dont la présence n'est pas souhaitable en ces temps difficiles.
Une goutte de sueur glisse le long de sa joue pour finir dans le creux de sa main. Notre petit lutin se réveille chaque nuit de la même façon depuis le jour de la Rencontre. Son cœur palpite, les yeux grand ouvert, il examine les moindres mouvements qui pourraient être une menace : une ombre, un déplacement, un bruit ...
Les rideaux teintés en rouge des montagnes renforcent les contrastes que peut provoquer un peuplier placé dans le chemin de la lune. L'attente est interminable, la peur touche au plus profond de son corps frêle et marqué par les guerres.
Finalement Melfior finit par quitter son lit car le soleil commence à affirmer sa présence. Cela fait déjà six mois, six mois...
Debout sur ses deux courtes jambes , colorées en vert foncée comme le sont celles des lutins, il finit par rejoindre le réfectoire où se sont regroupés ces compagnons.
Concrètement il n'est pas le bienvenu. Sa présence n'est acceptée que parce qu'il est l'unique descendant d'un monarque respecté : Malfagior le sage, paix à son âme. Grand chef de guerre, il dirigea l'empire sombre à la victoire face aux nains des Grandes Contrées du sud , qui jadis contrôlaient la vallée.
Melfior reste isolé, tendu et désespéré. Il sait aujourd'hui que le départ n'est pas obligatoire mais que son existence dans le groupe est exclue et sa vie en danger. Ses frères l'abandonnent.
Il est temps de partir, et jamais revenir.
Après un fugale déjeuné de restes d'orcs, notre lutin se doit d'affronter son destin. Il retourne dans son logis pas plus grand que le vestiaire des armes, rassemble ses affaires : un sac fatigué par les années qui passent, une gourde, une épée qui ne pourrait tuer un troll même avec le courage de quatre, l'armure légère de son propre père et un pendentif. Ce dernier, point noir de Melfior, possède des caractéristiques bien particulières dont il n'a nullement connaissance.
Un dernier regard, un dernier souvenir et le visage de Melfior disparaît dans les escaliers de terre. Le bruit de ses pas résonnent dans la garnison. Autres trolls et orcs assistent au départ de notre héros dans la plus totale indifférence.
Notre lutin courent comme il n'a jamais couru. Il sait qu'il va droit à sa perte. Un lutin à l'extérieur du groupe est une proie facile. La vallée ne lui est pas inconnue mais les temps changent, les créatures meurent pour laisser place à d'autres plus terrifiantes encore.
Son ombre encore visible dans la plaine proche de Sabrator, disparaît dans la forêt des deux lacs. Notre héros décide de prendre le chemin des Monts de pierre de l'ouest. Le grand voyage commence ainsi.